Pourquoi faut-il sauver son couple ?

Sur une période de quarante ans, un premier mariage a 37 % de chances de se terminer en divorce. Selon un rapport de l’INED (Institut national d’études démographiques), on enregistre aujourd’hui en France 120 000 divorces par an. La moitié le tous les divorces ont lieu au cours des sept premières années le mariage. Selon certaines études, le taux de divorce des seconds mariages est de 10 % supérieur à celui des premières unions. N’est-il pas logique, au vu de ces statistiques effarantes, le consacrer tous ses efforts à consolider sa relation de couple ?

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Éviter le divorce !

Ce qui est le plus triste, dans une rupture, c’est qu’en général les deux partenaires ne réalisent que trop tard après avoir signé l’acte de divorce, partagé les meubles et loué des appartements séparés — la valeur de ce à quoi ils ont renoncé en renonçant l’un à l’autre. Alors pensez-y avant de choisir un site de rencontre !

Trop souvent, la relation de couple est prise pour acquise au lieu d’être nourrie, respectée et choyée comme elle le mérite et comme elle l’exige.

Certains s’imaginent que divorcer ou s’étioler dans un mariage malheureux n’est pas si grave. Mais il est aujourd’hui démontré à quel point ce processus est dommageable à tous ceux qu’il implique. Grâce aux travaux de chercheurs comme Lois Verbrugge et James House de l’Université du Michigan, nous savons désormais qu’un mariage malheureux peut, en fragilisant les partenaires, augmenter les risques de maladies d’environ 35 %, et qu’il peut même écourter l’espérance de vie de quatre ans en moyenne. Au contraire des gens divorcés ou malheureux en amour, les couples mariés et heureux en ménage vivent plus longtemps et jouissent d’une meilleure santé. Les chercheurs peuvent désormais l’affirmer avec certitude, même s’ils ne savent pas encore exactement pourquoi. On peut supposer, tout simplement, qu’au cours d’un mariage malheureux, les partenaires sont plongés en permanence dans un état d’irritation physiologique chronique et diffuse — autrement dit, ils sont physiquement et psychologiquement stressés. Ce stress intensifie le processus normal d’usure du corps et de l’esprit, et se traduit par diverses affections physiques telles que l’hypertension artérielle ou les maladies de cœur, et par un certain nombre de désordres psychiques comme l’anxiété, la dépression, le suicide, la violence, la psychose, l’homicide ou l’abus de substances toxiques.

Pour rester en bonne santé

Il n’est pas étonnant de constater que des couples heureux en ménage souffrent beaucoup moins fréquemment de ces maladies. Ils tendent également à prendre meilleur soin de leur santé. D’après les chercheurs, ce phénomène serait dû au fait que chaque conjoint veille à ce que l’autre consulte régulièrement un médecin, prenne ses médicaments, se nourrisse convenablement, etc.

Les gens qui restent mariés vivent cinq ans de plus que ceux qui divorcent.

Dernièrement, notre laboratoire a découvert les premières preuves selon lesquelles un mariage heureux favorise une meilleure santé en renforçant directement le système immunitaire. Depuis une dizaine d’années, les chercheurs savent qu’un divorce peut fragiliser les fonctions de ce même système immunitaire. En théorie, cet affaiblissement augmente le risque de contracter une maladie infectieuse ou certains cancers. Désormais, nous savons que le contraire pourrait également être vrai. Non seulement les couples heureux en ménage échappent à cette baisse des défenses immunitaires, mais celles-ci pourraient même être galvanisées par leur bonheur. Cette information ne se trouve pas sur les sites de rencontres qui vous poussent à optimiser votre profil au lieu de penser famille.

Lorsque nous avons testé les réactions des systèmes immunitaires des cinquante couples qui ont passé un weekend dans le LoveLab, nous avons constaté une différence frappante entre ceux qui étaient très satisfaits de leur mariage et ceux qui en étaient malheureux, ou qui manifestaient une neutralité indifférente vis-à-vis de leur conjoint. Pour ce faire, nous avons effectué des prélèvements sanguins sur chaque sujet afin de contrôler la réaction de certains de leurs globules blancs — la principale arme défensive du système immunitaire. Exposés aux agressions microbiennes, les globules blancs des femmes et des hommes heureux en ménage se multipliaient en bien plus grand nombre que ceux des autres sujets.

Nos études ont également porté sur l’efficacité d’autres défenseurs du système immunitaire — les « cellules tueuses » qui, comme leur nom l’indique, détruisent certaines cellules endommagées ou dénaturées (lorsqu’elles sont infectées ou cancéreuses, par exemple), et dont on sait qu’elles interviennent dans la limitation de la croissance des tumeurs. Encore me fois, les sujets qui se déclaraient heureux en ménage possédaient un plus grand nombre de ces cellules tueuses que les autres.

Ces travaux devront être poursuivis de manière à ce que les scientifiques puissent confirmer la corrélation entre le bonheur de vivre en couple, son action bénéfique sur la santé, la longévité ainsi que le renforcement du système immunitaire, mais ce qui compte pour l’instant, c’est que l’on sache à quel point un bon mariage est bénéfique dans de nombreux domaines. Je me dis souvent que si les accros du fitness consacraient ne serait-ce que 10% de leur temps d’entrainement — disons, vingt minutes par jour — à muscler leur couple plutôt que leur corps, ils en retireraient des bénéfices pour leur santé trois fois supérieurs à ceux que leur offrent ces heures passées sur le Stair Master ou à flirter en ligne.

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Pour protéger les enfants d’âge préscolaire

Lorsqu’un mariage vire à l’aigre, le mari et la femme ne sont pas les seuls à en souffrir — les enfants en pâtissent également. Dans une étude récemment menée sur soixante- trois enfants d’âge préscolaire, j’ai pu constater que ceux d’entre eux qui sont constamment soumis aux tensions conjugales sécrétaient en permanence un taux d’hormones de stress plus élevé que les enfants du groupe témoin. Nous ignorons quelles seront les répercussions à long terme de cette tension nerveuse sur leur santé, mais nous avons d’ores et déjà pu constater les conséquences de ce stress biologique extrême sur leur comportement. Suivis jusqu’à l’âge de quinze ans, ces enfants étaient, plus que les autres, sujets à l’absentéisme scolaire, à la dépression, tout en étant rejetés par le groupe. Ils avaient d’autre part des problèmes de comportement (particulièrement l’agressivité) et d’échec scolaire.

L’une des leçons principales que l’on peut tirer de ces travaux est qu’il n’est pas souhaitable de persister dans un mariage malheureux dans le seul but de protéger les enfants. Il leur est manifestement préjudiciable d’être soumis à une ambiance d’hostilité permanente entre les parents. Un divorce « paisible » vaut mieux qu’un mariage à couteaux tirés. Hélas, les divorces sont rarement paisibles. L’hostilité réciproque entre les parents se prolonge généralement au-delà de la rupture. C’est pourquoi les enfants du divorce sont souvent aussi perturbés que leurs parents, prisonniers d’une union désastreuse.